William aventurier et son arc

Expédition en kayak

par | 12 Mar 24

Je vous ai vaguement parlé de mon projet de la remontée et de la décente du Rio Anotail au Brésil.
Au début, mon intention était de le faire seul. Mais la rencontre de Kevin a quelque peu changé mes plans. J’avoue, que maintenant, partir seul m’ennuie dans le sens que je vis des moments assez extraordinaire que je ne peux pas partager. Certes, par moment, j’ai besoin de me sentir libre, aussi bien dans mes pensées que dans mes gestes. La solitude, loin de tout est un excellent moyen pour se ressourcer et pour ma part, une semaine d’isolement me suffit amplement.
Mais là, il faut savoir que cette expédition est prévue pour une durée de 6 à 8 semaines en autonomie complète sans aucun moyen de se faire secourir en cas de soucis. D’ailleurs grâce à une préparation sérieuse, aussi bien physique, mentale que du matériel choisi. Rien ne devrait perturber mes plans. Cependant, un excès de confiance peu à un moment ou un autre changer le comportement de l’individu et aboutir à des situations dangereuses. L’ignorance, l’arrogance, des égaux surdimensionnées et les Rambos sont des gens potentiellement dangereux qui peuvent fortement perturber une expédition. Alors la première mise en garde est de partir avec des personnes de confiance qui ont déjà des acquis solides.

Kevin, à justement ces acquis. Notre rencontre, c’est d’abord faite sur les réseaux sociaux. Un truc dont, je ne maîtrise pas vraiment le fonctionnement. C’est ma chère et tendre qui gère cela pour moi tellement je suis con. Kevin ce fait appelle baroudeurlamoukate. On s’est parlé plusieurs fois au téléphone, car son but était de découvrir la foret guyanaise et pour cela, il avait besoin de renseignements. Il s’est rendu compte qu’il avait frappé à la bonne porte. Et j’ai bien sûr suivi ces périples dignes d’intérêts agrémentés de belles images. Et suivant nos emplois du temps respectif, il a été décidé qu’un jour, nous ferions un truc ensemble.
Le rendez-vous a été prit en Guyane début novembre. Après qu’il ait effectué la descente de la Sinamary en partant de Saul soit 23 jours de descente.  Pour ma part, je suis parti 6 jours en jungle pour reprendre mes marques avec bien sûr mon arc et une poignée de flèches.

J moins 1. Je passe chercher Kevin qui loge chez un ami. Nous faisons les courses. La base de notre alimentation sera le riz. Pour les protéines se sera la pêche et éventuellement la chasse toujours avec mon arc. Quelques condiments, des oignons, de l’huile, quelques briques de lait de coco. Nous sommes en kayak, alors je me restreins. Nul besoin de nourriture lyophilisé qui coûte une fortune, qui de plus ajoute forcément du poids et du volume supplémentaire. Aussi bien pour le transport aérien et dans nos embarcations. D’habitude avec la pirogue, je ne me limite pas. Boite de conserve, patates, choux chinois et de quoi faire des bons petits déjeuners. Il faut bien se nourrir en forêt et prendre le temps de cuisiner, un poisson ou un gibier fait partie intégrante de l’aventure.

Le lendemain, nous nous retrouvons. Le 4×4 Toyota est chargé et le V8 ronronne d’impatience. Direction la frontière brésilienne. En moins de trois heures, nous arrivons à st George de l’oyapoque bourgade située à l’est de la Guyane. Je passe voir Castello un ami brésilien. Après une discutions rapide. La meilleure option est de prendre la piste de saut Maripa. Des pirogues pilotées par des Brésiliens, partent chaque jour pour les villages coté brésil, pour Camopi et Trois sauts. Par chance, il y a une embarcation prête à partir. Il reste beaucoup de place. Nous négocions trente euros chacun. Et nous embarquons avec les Amérindiens qui se rendent à trois sauts. Pendant la navigation, Kevin se rend compte de la grandeur, de la puissance des sauts. Surtout celui de Cachiri. Et dire que dans quelques semaines, nous passerons par là avec nos frêles embarcations gonflables. Deux heures trente plus tard, le piroguier nous dépose au confluent de la Anotail et de l’Oyapoque. Avec ma pompe spécial gros volume, car à double action et prévus pour une pression à 10 PSI, nous gonflons nos kayaks en dix minutes à peine. Certes, elle prend de la place, mais elle est efficace. Il faut savoir que pendant notre périple, elle va beaucoup servir.
Pendant les moments les plus chauds de la journée, l’air à l’intérieur des kayaks se dilatent et le volume augmente, la pression est telle que votre kayak peu littéralement exploser. Il faut donc le dégonfler régulièrement. Et le lendemain matin le regonfler. J’ai vu une fois en plein mois d’août un zodiac exploser sur la plage de la Gautrelle sur l’île d’Oléron. Imaginez-vous que cela arrive lors d’une expédition loin de tous.

En comparant nos deux embarcations, le constat est sens équivoque. Kevin voyage plus léger. Ce sera un gros avantage pour la remontée du fleuve. Étant donné que j’ai beaucoup plus de place. J’emporte la cantine de brousse, et les vivres. Ainsi que la pompe. Au niveau matériel personnel, j’ai de quoi faire. J’aurais, par exemple, pu diviser le matériel de pêche par deux. L’arc et les flèches prennent aussi de la place. Du matériel de pêche en double n’est pas idiot, une casse ou une canne qui part à l’eau et c’est fini. Malgré mes recommandations, c’est ce qui est arrivé à Kevin. Empruntant ma canne, il la pose sur un rocher avec un reste d’appât et est parti pêcher ailleurs. Un poisson a mordu à l’hameçon et la canne, c’est retrouvé au fond de fleuve. Par chance, il a réussi à la récupérer au bout de deux heures. Donc ne jamais laisser une canne à pêche sans surveillance.

J’ai aussi tout prévu pour réparer les kayaks. Des rustines de différente taille, 1 mètre carré de toile pour les grosses entailles ainsi qu’un pot de colle bi-composant. Kevin, lui, a juste un rouleau adhésif pour réparer les piscines. Un peu léger en cas d’avaries. Il faut par contre savoir en quelle matière est conçu votre embarcation gonflable afin d’avoir la colle appropriée et les bonnes rustines. Les kits fournis sont souvent trop légers et mieux vaut se confectionner son propre kit de réparation. Même si vous pensez avoir une embarcation très solide. Pour notre expédition, Kevin a un Gumotex et moi un Aquaglide black foot 130. Ce sont des embarcations fiables et à part quelques éraflures créés par les frottements sur les roches, nous avons subi aucune avaries. Pensez à compléter votre kit réparation avec des valves de rechange ainsi que l’outil pour les démonter. Certain diront que j’abuse, mais en trente-cinq ans d’expédition en pirogue, il faut toujours prévoir l’imprévisible.

Pensez, quand vous êtes en autonomie, ce n’est pas que pour la nourriture, c’est un ensemble de choses. J’ai fait pas mal de kayak en Guyane avec des embarcations en dur, le gonflable pour une balade de plusieurs semaines est une première.

Alors, on verra bien. Les kayaks sont chargés et nous mettons nos premiers coups de pagaie, l’aventure commence maintenant. La Anotail fait environs 130 mètres de large, l’eau est claire, nous distinguons le fond de sable et de gravier. Parsemé de grosses roches immergées, mais beaucoup sont visibles et dépassent de la surface de plusieurs mètres pour certaines. En bordure, des arbres immenses sont couchés dans l’eau, c’est dans ces endroits que les poissons se cachent pour éviter de se faire manger par plus gros qu’eux. De chaque côté, c’est un mur végétal qui se dresse Le long des rives. Tous les phantasmes sont permis. Peut-être un jaguar nous observe ?

Malgré la différence de nos embarcations, nous naviguons à la même allure. À l’évidence, on se rend bien compte que nous pagayons à contre-courant. Et qu’il faut appuyer sur les pagaies pour avancer.
Mais l’allure nous convient. Un peu plus de deux heures se sont écoulées, le courant paraît plus fort, puis nous entendons un grondement, c’est le signe que nous approchons du premier saut. Au fur et à mesure de notre progression, le grondement est plus audible. Pour avoir déjà naviguer ici en pirogue, je sais qu’il est après ce grand virage. Kevin tout excité accélère le mouvement, nous sommes côte à côte et quand il découvre le gigantisme de ce saut, il n’en revient pas. Ces yeux écarquillés, son large sourire me fait tellement plaisir. Moi-même, je suis émerveillé par tant de beauté que seul la nature a le secret de composer. Je ne serai jamais blasé par autant de splendeur. Nous avons l’impression d’être à la naissance du monde.

Merci Willy me dit Kevin. Nous accostons sur la première île de sable parsemé de quelques arbres d’à peine sept mètres de haut, parfaits pour accrocher nos hamacs. Nous avons très peu naviguer, mais vu le paysage extraordinaire qui s’offre à nous, nous décidons de rester ici une nuit. Kevin ne perd pas de temps, il monte sa canne et commence à pêcher en lançant son leurre en plein courant. Je me dis que c’est le spot idéal pour capturer un Bicuda. Je l’entends hurler tel un cow-boy qui lance son cheval au triple galops. Il est aux prises avec un Bicuda. Le repas de ce midi est assuré.

Nous mettons nos kayaks à l’ombre, mais malgré ça, les parois sont très dures. Il vaut mieux le dégonfler un peu, le soleil est au zénith, mais je ne ressens pas particulièrement la chaleur. Et puis, il suffit de faire trempette dans le fleuve pour réguler sa température corporel si nécessaire. Nous sommes bien ici. Je prépare le poisson en filet tandis que Kevin prépare le riz. Mine de rien, manger ici, c’est bien mieux qu’un restaurant étoilé. C’est super bon comme poisson me dit Kevin. Je trouve personnellement ce poisson plus goûteux que l’Aimara. Attend en fin de journée, on va pêcher des Piranhas c’est super bon. Kevin décide de faire une sieste à même le sol sur le sable à l’ombre d’un arbre. Quant à moi, je prépare mon carbet bâche entre deux arbres. Puis je fais quelques prises de vues avec ma caméra Sony. Je monte ma canne et capture quelques poissons, des aimaras et des Bicudas relâchés dans les meilleures conditions. Kevin sort le drone pour des prises de vues aériennes. Il faut dire que cela va certainement être des images extraordinaires. Là, devant nous, nous avons un saut magnifique qui fait environs quatre cents mètres de large avec plusieurs îles boisées d’arbre de plus de cinquante mètres séparé par de violant rapides et des cascades de plusieurs mètres de hauteur. Seules les vues aériennes peuvent évaluer le gigantisme, la splendeur de cet endroit.

C’est la fin de journée, le soleil est juste au-dessus de la canopée, je prépare ma canne à coup et des petites boulettes de pain pour faire des vifs. Il faut des hameçons de taille 12 à tige longue, car même les petits poissons ont des dents

je jette dans l’eau un peu de pain et les premières prises s’enchaînent ce qui attire rapidement les piranhas et je me fais couper le fil à chaque fois, ces satanés piranhas bouffent le pain. Changement de stratégie, je monte une ligne spéciale piranha avec un fin bas de ligne en acier et esche mon hameçon d’un morceau de poisson. Les prises s’enchaînent, la gamelle de ce soir est assuré. Je passe ma canne à Kevin pour qu’il s’amuse aussi. Pendant ce temps, je prépare les poissons et monte ma grosse canne pour les torches. Ce sont de très gros poissons chat d’environs trente à cinquante kilos en moyenne. Les plus gros vont jusqu’à trois cents kilos suivant les espèces. Mon but serrait une torche tigre.

Le ciel est presque sans nuage, la lune bientôt pleine éclaire la nuit, une légère brise nous caresse la peau amenant des parfums envoûtant du fond de la foret.

Nous sommes bien ici. Je lance ma ligne avec un appât assez conséquent afin de sélectionner une belle prise. Mais les piranhas de nuit ont pris le relais de leurs cousins les rouges. Nous changeons d’endroit plus propice au passage des gros poissons. Je tiens la canne à la main et au bout d’un certain temps,  je ressens une grosse secousse dans la canne. Là, j’ai affaire à une énorme bête. Je donne un peu de ligne, et ça part à toute allure, le ferrage est souple, je ressens la puissance du poisson, la canne est pliée à la limite de ce qu’elle peut supporter, mais la ligne d’une résistance de quarante kilos casse. Ça a duré cinq secondes. Après avoir remonté la ligne, le même scénario ce produit. Sûr, ils étaient monstrueux ces poissons chat. Car avec le même matériel, j’ai sorti une torche sur l’Approuague de 80 kilos en 1 heure 15 quand même. Donc, j’imagine que c’était beaucoup plus gros.

C’est à la pointe du jour que nous nous levons, là aussi le spectacle est magique, avec cette brume épaisse qui se dissipe lentement sous l’effet des rayons du soleil afin de nous faire découvrir une seconde fois la splendeur de ce saut. Après un petit déjeuné fait d’un mélange d’avoine, de lait et de chocolat en poudre, il suffit d’ajouter de l’eau. Puis, nous partons. Le saut est passé en une trentaine de minutes.

Les sauts suivants sont à chaque fois encore plus beaux et plus difficile à franchir. Au fur et à mesure les sauts deviennent moins majestueux, il faut dire que la rivière a considérablement réduit dans sa largeur, et que le courant par contre est plus prononcé. Les cascades plus compliquées à franchir et même un peu dangereuses, parfois, il faut être prudent, car la moindre erreur peut avoir de graves conséquences. Personne ne viendra nous porter secours avant au moins deux mois, voir jamais. À la base, c’est cela être en autonomie complète.

Avec mon matériel médical très compact, je suis en mesure de faire fasse à toutes les éventualités rencontrées dans ce genre de biotope. Il faut donc adapter sa trousse soins de secours. Mais là aussi, la meilleure des sécurités est la connaissance du milieu, et de la faune locale, des dangers liés à l’eau, des rapides. On ne saute et on ne plonge jamais dans les rivières et fleuves d’Amazonie, 80 % des arbres coulent. Lors des crues, en saison des pluies, des arbres sont déraciné et emporté par le courant et se coincent au fond dans les roches immergées.

Mais bon, comme je le précise souvent, la prévention, la vigilance et aussi une connaissance du milieu et des risques permet en toute logique d’éviter ce genre de situation. Kevin est plus léger et plus agile, il faut dire que trente années nous sépare et pas en ma faveur. Cependant, malgré sa jeunesse, il ne fait pas n’importe quoi. Il a aussi l’habitude d’effectuer des périples seul, ce qui lui a donné une certaine expérience de l’aventure.

Nous sommes enfin arrivés au bout de notre périple. Et je suis en mesure de faire une analyse sur le comportement des deux kayaks. Pour le franchissement des sauts, le gumotex pourrait à priori prendre l’avantage. Je dis à priori pourquoi.

Le black foot 130 est pourvu d’une dérive qui m’a fortement désavantagé, car elle se coinçait régulièrement dans les roches. Je l’ai retiré pour voir, mais naviguer sans était très contraignant. La seule option est de ne pas suivre la même trajectoire que Kevin. Nous n’avons pas les mêmes embarcations, donc les passages dans les sauts sont simplement différents. Et à partir de là, tout va mieux. Autre constat, il serait temps que j’investisse dans un tarp ultra-léger.

Ou qu’une marque sympa m’en offre une. La bâche de chantier que j’utilise depuis toujours est bien, mais il faut l’avouer, plus longue à mettre en œuvre, plus lourde et plus volumineuse. . Après presque trois semaines de remonté, il faut faire le chemin inverse. Étant donné que je suis le seul équipé d’un gilet de sécurité, et que mon kayak est beaucoup plus stable. Je dévale les sauts les plus dangereux en premier. Si je me retourne cela veux dire ne pas descendre par là.

Et je peux affirmer que le black foot 130 est vraiment une bête de course, même si parfois, c’était très chaud, je ne me suis pas retourné une seule fois. Pour ceux, habitué à dévaler les torrents de montagne, certain peuvent être classé en catégorie 5. La descente a été plus rapide, deux raisons évidentes à cela. Nous sommes dans le sens du courant et la descente des rapides ce fait en dévalant dans les veines d’eaux porteuses. Avec la poussée des puissants courants, la dérive situés sous le plancher gonflable haute pression n’est plus un problème, car l’embarcation flotte haut sur l’eau.

La provision de riz a fortement diminué. Et il est fort à parier que nous serrons bientôt sans riz. Cela ne me perturbe pas plus que cela. On mangera plus de poissons Par contre Kevin ne le vois pas comme ça. C’est qu’il mange le jeune homme. Il vaut mieux l’avoir en photo qu’à table. En général, je prévois 300 gr de riz cuit par jours et par personne, mais là, ça a été deux fois par jours. Normal qui va nous en manqué.

Donc lors d’une expédition de plusieurs semaines, il faut mettre les choses au point dès le départ. Afin de connaître l’appétit de chacun. Si en pirogue motorisée 2 ou 3 kilos de plus n’est pas un souci. Dans le cas d’une expé en kayak, chacun peu supporté ça ration de riz, voir ces petits plaisirs personnel.

Le poids et le volume sont l’ennemie du kayakiste et chacun prend ces responsabilités. Il faut malgré tout pensé à ces compagnons d’aventure dans le sens de ne pas êtres un fardeau pour le reste de l’équipe. Cependant, l’équipement commun, comme la cantine de brousse qui inclut les recharges de gaz, les quelques conserves et autre, sont réparties équitablement dans chaque kayak. Un point important, l’esprit d’équipe doit être de mise. Et chacun doit veiller l’un sur l’autre. Lors d’un passage de saut, que ce soit à la montée ou à la descente, tout le monde doit suivre le premier, généralement le plus expérimenté. Pour ce faire, il ne faut pas se faire distancer. Si quelqu’un s’arrête, peu importe la raison, il faut le signaler à la palanquée. Resté groupé est une règle d’or. Il faut prendre en compte les capacités physiques et de santé de chacun. Les allergies éventuelles et tout ce qui se rapporte au médical.

Autrement, le matériel emporté doit avoir été testé dans des conditions similaires à votre future expédition. Mon filtre à eau de chez Sayer, le même que celui de Kevin est très fiable. Un mot sur mon panneau solaire malgré que ce soit le petit modèle, de chez Sun slice il a tenu toutes ces promesses. Et en plus de mon propre matériel comme la gopro, le téléphone pour les photos et une grosse power bank, il a servi à charger la batterie du drone de Kevin et son appareil photo Sony. Je recommande donc cette marque.

À ce rythme, le riz va manquer. Alors Kevin me suggère de faire des journées de pagaie plus longues. Cela me pose aucun problème. Et nous faisons en moyenne 10 heures de navigation par jour. Nous voilà de retour à notre premier saut, il est 12 h heures, nous pourrions continuer jusqu’à l’embouchure à environs 1 heure 30 mais, nous décidons de rester ici pour déjeuner dans un cadre a coupé le souffle. Quelque coup de ligne et nous attrapons un Aimara de trois kilos et un Bicuda sensiblement du même poids. Après une petite sieste de Kevin, nous reprenons notre navigation jusqu’à l’embouchure.

Il est 16 heures, nous montons notre carbet et nous pêchons pour le repas du soir, il nous reste une part de riz chacun. D’un commun accord, demain, on se lève à 3 heures du matin. Pour arriver vers 12 heures 30. Pour le moment, on profite d’un splendide coucher de soleil sur l’Oyapoque.

C’est à la lampe frontale que nous chargeons nos kayaks pour la dernière fois, une grosse journée nous attend tout au long de ces 48 km, car les sauts que nous allons descendre sont d’une violence isolante. Heureusement, et c’étaient mes conditions, sur les premières heures de navigation de nuit, il n’y a pas de difficultés majeures si ce n’est l’intense brouillard. Ma lampe frontale de chez décathlon est une vraie merde et n’a pas tenu ces promesses, celle de Kevin est vraiment efficace, se serra mon prochain investissement. Le jour se lève enfin et au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel, la brume se dissipe. Au loin, nous entendons le rugissement du premier saut. Le fleuve fait environs 600 mètres de large. Nous arrivons au-dessus du saut, la marche est importante, nous ne voyons pas ce qui il a plus bas. Kevin hésite, mais à un moment, il faut se lancer. Je les ai déjà descendus en pirogue ces sauts alors sans l’ombre d’une hésitation, je prends mon élan et on verra bien. J’ai confiance en mon embarcation et j’ai un gilet performant en théorie, je ne risque pas grand-chose à part un bon bain. À moi de me protéger la tête en cas de retournement, car je n’ai pas de casque.

Youpi, c’est parti, putain que c’est bon, les 200 mètres de rapide sont dévalés en une poignée de secondes. À chaque saut, c’est l’éclate total. Jusqu’au moment où nous arrivons à saut Cachiri. Là, il vaut mieux réfléchir à deux fois pour choisir la meilleure option. C’est l’un des sauts le plus difficile à franchir, aussi bien à la montée qu’à la descente. C’est tellement large à cet endroit qu’il faut chercher les bonnes passes sans toute fois pouvoir jeter un œil, car si ont s’approche trop prêt, on sera emporté par les puissants rapides.

Le choix est difficile, mais dans ce goulet ça devrait le faire. Mon taux d’adrénaline est à son maximum, je le gère avec un contrôle respiratoire tel un apnéiste prés à plonger dans les abysses. Aller faut pas trop réfléchir, je pagaye à fond pour prendre de l’élan et je suis littéralement aspiré par la puissante veine d’eau, Pendant toute la durée de la descente, je suis ballotté dans tous les sens sans perdre une seule fois le contrôle de mon embarcation ni le sens de ma trajectoire que j’anticipe au mieux en évitant de me fracasser contre les roches, en évitant les retours et les grosses vagues de plus d’un mètre. A chaque coup de pagaies, c’est des litres d’eau que je me prends en pleine figure quand cela va s’arrêter. Ouf, c’est enfin terminé, mais pas le temps de temporiser, la deuxième partie arrive déjà et c’est à nouveau plusieurs mètres de dénivelé qu’il faut dévaler. Le kayak n’a même pas le temps de se vider et pourtant il tient la route, j’ai confiance en mon embarcation qui, il faut l’avouer, est très stable. L’excitation est à son comble. Et les 200 derniers mètres de descente sont vraiment jouissifs. Je m’arrête sur une roche pour vider mon kayak en le m’étant simplement sur le côté. Puis je repars. J’attends Kevin qui ne devrai pas tarder.

Nous continuons à un rythme tranquille. parfois mon compagnon accélère sans raison puis se repose. Le mieux est bien sûr de garder une vitesse moyenne constante, ont se fatigue beaucoup moins. Nous passons des petits sauts sans grande difficulté. Au loin le fleuve s’élargit, nous arrivons à saut Maripa d’une hauteur d’environs 15 mètres de haut, mais nous n’avons pas à franchir, car nous sommes arrivés. Il faut trouver un passage entre les îles pour rejoindre la rive coté français. Le dégrade est visible (débarcadère en Guyane) le 4×4 aussi.

Nous saluons le brésilien qui a veillé sur le Toyota pendant toutes ces semaines.

Le matériel est chargé. Et nous reprenons la piste en latérite de 25 km. Puis la nationale 1 direction Cayenne.

Durant ce périple, j’ai perdu 7 kg. Kevin avait déjà perdu du poids durant la descente de la sinnamary et sûr qu’il en a perdu quelques un durant notre aventure. Nous avons à déplorer aucun soucis matériel ou de blessure. Pendant la deuxième semaine, j’ai eu la tourista, mais c’est entièrement ma faute, je buvais l’eau du fleuve sans la filtrée. Après un traitement de deux jours, j’ai utilisé mon filtre Sayer et tout est rentré dans l’ordre comme quoi un filtre à eau de qualité est indispensable. Les kayaks, que ce soit le Gumotex ou le black foot 130, ont résisté aux durs traitements que l’on leur a infligés. On ne peut pas en dire autant de certaines marques. Ce que j’ai apprécié sur mon embarcation, c’est le confort indéniable grâce au siège surélevé, sa stabilité à toute épreuve et son espace de pont. Le point a amélioré serrait une dérive démontable ultra-rapide pour la remontée dans les sauts. Mais à la base, il n’est pas fait pour ça. J’aurais pu m’alléger, en matériel de pêche et gagné au moins 3 kilos. Pour info les cannes a lancé multibrins, ainsi que les moulinets sont de chez Daiwa. Le Remplacement de ma grande bâche par un tarp ultra-léger me ferai gagner en volume et en poids. Mon hamac de chez Amazonas que j’utilise depuis quatre ans est en très bon état, preuve que c’est du matos solide.

Ce périple de quelques semaines en kayak gonflable nous a permis de tester du matériel en réelle situation. Même s’il pleuvait régulièrement, cela ne nous a pas perturbé plus que cela. Je vous rappelle que nous sommes en Amazonie. Et que ça soit le climat humide, la chaleur ou les petites bébêtes qui piquent, cela fait partie du jeu. Nous avons vécu une aventure assez cool. J’entends trop souvent, des gens se plaindre des conditions, faisant des pseudos aventures ou qui s’imagine faire des périples avec des préparations qui n’ont absolument rien à voir avec la réalité des lieux. Cette année encore, des personnes m’ont contacté, m’ont demandé des conseils pour des expéditions. Certains voulant partir seul sans aucune expérience. Je les ai mis en garde sur divers dangers, les conseillant au mieux, en leur suggérant de faire dans un premier temps des périples à leur mesure avant de s’attaquer à des choses de plus grandes ampleurs. Résultat, malgré mes recommandations, ils entreprirent leurs périples sans aboutissement final. Je trouve cela dommage, car ils ont souffert, subit les éléments et du coup, ils n’ont pas pu apprécier la richesse du milieu, la beauté de la jungle guyanaise à sa juste valeur. Quand on connait, c’est facile, et quoi de plus gratifiant que de vivre en parfaite symbiose, en parfaite harmonie avec cette foret Amazonienne, qu’il pleuve, ou qu’il fasse chaud de nuit comme de jour. Ce nourrissant de ce que dame nature veut bien nous offrir, en poisson, ou en gibier, avec un arc et des flèches bien sûr. En la remerciant à sa juste valeur pour ne pas offenser les esprits de la foret. C’est peut-être un peu extrême, mais mon rapport avec la nature est ainsi. Composez avec elle, lui faire face ne vous apportera que déboires et déception.